Un patrimoine médiéval classé
UN PATRIMOINE MÉDIÉVAL CLASSÉ
Implantés au cœur de la cité de Dourdan, deux monuments datant du Moyen Age forment un ensemble architectural imposant
L’église Saint-Germain l’Auxerrois et le château fort ont une histoire commune. Fondés par les rois Capétiens, Louis VII et Philippe II Auguste, l’un et l’autre sont partiellement détruits par les multiples sièges des XVe et XVIe siècles.
Restaurés au XIXe siècle à l’initiative de Amédée Guénée et de Joseph Guyot, propriétaires du château, les deux édifices sont classés au titre des Monuments historiques au cours des années 1960.
ÉGLISE SAINT-GERMAIN L’AUXERROIS
Patrimoine religieux classé Monument historique en 1967
Les différentes phases de construction et de restauration de l’église expliquent un ensemble hétérogène, cumulant tous les styles gothiques : primitif, rayonnant et flamboyant
La construction de l’église date probablement de la fin du XIIe siècle, quand l’abbaye de Saint-Chéron-les-Chartres prend possession de la paroisse. Elle se poursuit tout au long des XIIIe et XIVe siècles. Endommagé lors des sièges de 1428, 1567 et 1591, l’édifice subit une succession de réparations. Les deux tours, la partie supérieure ainsi que la voûte sont reconstruits au XVe siècle. De l’église primitive, ne subsistent que les parties basses proches de l’entrée, une partie des bas-côtés, la travée de la croisée du transept et deux travées du chœur.
Orienté sud-est et nord-ouest en raison de sa position géographique, le monument présente un plan rectangulaire, comprenant un transept et trois nefs (un grand vaisseau central et de bas-côtés)
Le chœur est terminé par une chapelle hexagonale en remplacement de l’ancien chevet plat. L’élévation de la nef centrale, voûtée en pierre sur un plan quadripartite, comporte trois niveaux (grandes arcades, triforium aveugle et fenêtres hautes). Un léger devers provoqué par l’épaisseur des voûtes anciennes, caractérise les parties supérieures.
La façade ouest comprend un grand mur pignon, flanqué de deux tours de hauteur inégale, chacune couronnée d’une flèche. Les façades nord et sud disposent de puissants contreforts et arcs-boutants. Des chapelles ornées de grandes baies de remplages flamboyants, sont ajoutées au XVe siècle.
CHÂTEAU DE DOURDAN
Château fort datant du règne de Philippe II Auguste, classé Monument historique en 1964
Proche de l’église Saint-Germain l’Auxerrois, s’élève la forteresse royale des Capétiens, érigée sous le règne de Philippe II Auguste. Bati tout d’une pièce, le château de Dourdan assure la défense de la ville, poste frontière du domaine royal. Aujourd’hui situé au centre de la ville, la forteresse occupait une position périphérique, délimitée par un glacis au sud et une vaste place d’armes à l’est.
Le château de Dourdan reprend le système défensif dit philippien, élaboré lors de la construction du Louvre en 1190. Le périmètre de l’enceinte fortifiée est identique à la forteresse parisienne
De larges fossés secs protègent l’enceinte du château fortifiée de tours d’angles et de tours médianes. Ces constructions en saillie, munies d’archères à tous les niveaux, permettent d’assurer le flanquement des courtines tous les 30 mètres. Le châtelet d’entrée, orienté vers la ville, est défendu par deux tours semi-circulaires et un pont-levis.
La grosse tour, de forme cylindrique, de par sa position d’angle, participe à la défense de la forteresse et dispose de son propre fossé.
A l’intérieur, s’élèvent de part et d’autres de grands logis accolés contre les courtines, la chapelle Saint-Jean, desservie par les abbés de Saint-Chéron-les-Chartres, ainsi qu’une grange. La place d’armes au centre sert pour l’exercice de la garnison.
Gravement endommagé par les sièges successifs au XVIe siècle, le château perd sa fonction défensive
Les tours sont découronnées, les courtines arasées et les logis détruits. A partir du XVIIe siècle, l’ancienne forteresse est transformée en prison royale, puis départementale, et reçoit différentes administrations.
Mis en vente en 1848, le château est acheté en 1852 par un notable dourdannais, Amédée Guénée, évitant ainsi toute destruction de l’ancienne forteresse. Amédée Guénée engage un programme de sauvegarde du patrimoine médiéval de la ville par le financement de la restauration de l’église et les réaménagements intérieurs du château.
DEUX ACTEURS DU PATRIMOINE
AMÉDÉE GUÉNÉE & JOSEPH GUYOT
La valorisation du patrimoine médiéval de Dourdan est l’héritage d’une entreprise familiale, dont l’aboutissement est le classement des deux monuments emblématiques : le château fort en 1964 et l’église Saint-Germain L’Auxerrois en 1967.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Amédée Guénée et son cousin Joseph Guyot s’engagent dans la sauvegarde et la protection du patrimoine
Dès le commencement du XIXe siècle, un grand mouvement de conservation patrimonial se développe en vue de répertorier le patrimoine national endommagé par les années révolutionnaires et enrichi par la nationalisation des biens religieux et monarchiques.
Les nouvelles institutions, dont la Commission des monuments historiques, le Comité des arts et monuments placé sous l’égide du Comité des travaux historiques, prennent en charge la sauvegarde du patrimoine. Les sociétés savantes, organisées par des associations d’érudits locaux, aident le travail des instances de l’Etat. Joseph Guyot publie dans le Bulletin monumental de 1872 un article sur l’église et le château de Dourdan, adressé à Arcisse de Caumont, fondateur de la Société française d’archéologie en 1834.
Citoyen actif et bienfaiteur, Amédée Guénée, nouveau propriétaire du château, est à l’initiative d’un vaste programme de restauration du patrimoine monumental
En 1863, un projet de restauration de l’église Saint-Germain voit le jour grâce au legs Guénée. Soutenu financièrement par la commune et l’Etat, le chantier est confié à M. Queyron, architecte et inspecteur principal des travaux de Notre-Dame de Paris. Les arcs et voûtes sont remplacés pour remédier à l’écartement des parties supérieures, les fenêtres du XIIIe siècle sont réparées, la grande baie à triple ogive de la façade principale est débouchée. Les travaux se poursuivront sur les décors intérieurs (grilles, boiseries) et les vitraux.
Propriétaire du château, Amédée Guénée entreprend de grands travaux de réaménagements. La cour, débarrassée de tous les divisions et appentis, anciens vestiges de la prison, est transformée en parc avec pelouse et massifs. Les fossés sont désormais accessibles par un nouvel escalier de pierre coté sud. Le logis, qui abritait l’administration des Eaux-et-forêts et l’école mutuelle de Dourdan, est remanié et décoré pour devenir une demeure privée confortable. Tout un décor de papier-peint datant de 1855, mis au jour récemment, orne toujours l’une principales salles du musée actuel.
Joseph Guyot, cousin et fils spirituel de Amédée Guénée, poursuit l’oeuvre de son prédécesseur. Propriétaire du château depuis 1864, il s’attache à restaurer la vieille forteresse mais en préservant l’image d’une ruine romantique
Les travaux portent essentiellement sur la grosse tour médiévale. Les voûtes sont renforcées par des dalles de ciment, le dernier niveau est dé-végétalisé. Le logis principal est transformé en une demeure bourgeoise et confortable, disposant de chauffages, d’un logement pour les domestiques. Les murs et toitures sont percées de fenêtres pour assurer un meilleur éclairage.
Les aménagements, entrepris à la fin du XIXe siècle et jusqu’à la Première Guerre mondiale, sont par ailleurs un manifeste du style néo-gothique et éclectique, chers à son propriétaire. Joseph Guyot reprend l’architecture gothique pour la construction d’un jardin d’hiver dans le prolongement du châtelet (1894). Il s’inspire de l’enluminure des Très riches heures du duc de Berry pour la disposition des lucarnes s’ouvrant sur la façade extérieure du logis (1914). L’esthétique médiévale est reprise pour décorer les surfaces intérieures, notamment les deux anciennes chambres au second étage des tours du châtelet ornées de voûtes avec imitation de la pierre appareillée, fenêtres de pénétration représentant un trèfle, moulage d’une grande cheminée du XVe siècle (1913).