Deux acteurs du Patrimoine

La valorisation du patrimoine médiéval de Dourdan est l’héritage d’une entreprise familiale, dont l’aboutissement est le classement des deux monuments emblématiques : le château fort en 1964 et l’église Saint-Germain L’Auxerrois en 1967

SAUVEGARDE & PROTECTION

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Amédée Guénée et son cousin Joseph Guyot s’engagent dans la sauvegarde et la protection du patrimoine

Dès le commencement du XIXe siècle, un grand mouvement de conservation patrimonial se développe en vue de répertorier le patrimoine national endommagé par les années révolutionnaires et enrichi par la nationalisation des biens religieux et monarchiques.

Les nouvelles institutions, dont la Commission des monuments historiques, le Comité des arts et monuments placé sous l’égide du Comité des travaux historiques, prennent en charge la sauvegarde du patrimoine. Les sociétés savantes, organisées par des associations d’érudits locaux, aident le travail des instances de l’État. Joseph Guyot publie dans le Bulletin monumental de 1872 un article sur l’église et le château de Dourdan, adressé à Arcisse de Caumont, fondateur de la Société française d’archéologie en 1834.

AMÉDÉE GUÉNÉE

Citoyen actif et bienfaiteur, Amédée Guénée, nouveau propriétaire du château, est à l’initiative d’un vaste programme de restauration du patrimoine monumental

Amédée Guénée (1802-1863), propriétaire du château de 1852 à 1863
© Musée du château de Dourdan
Amédée Guénée (1802-1863), propriétaire du château de 1852 à 1863 © Musée du château de Dourdan

En 1863, un projet de restauration de l’église Saint-Germain voit le jour grâce au legs Guénée.

Soutenu financièrement par la commune et par l’État, le chantier est confié à M. Queyron, architecte et inspecteur principal des travaux de Notre-Dame de Paris. Les arcs et voûtes sont remplacés pour remédier à l’écartement des parties supérieures, les fenêtres du XIIIe siècle sont réparées, la grande baie à triple ogive de la façade principale est débouchée. Les travaux se poursuivront sur les décors intérieurs (grilles, boiseries) et les vitraux.

Propriétaire du château, Amédée Guénée entreprend de grands travaux de réaménagements.

La cour, débarrassée de tous les divisions et appentis, anciens vestiges de la prison, est transformée en parc avec pelouse et massifs. Les fossés sont désormais accessibles par un nouvel escalier de pierre coté sud. Le logis, qui abritait l’administration des Eaux-et-forêts et l’école mutuelle de Dourdan, est remanié et décoré pour devenir une demeure privée confortable. Tout un décor de papier-peint datant de 1855, mis au jour en 2017, orne toujours l’une des principales salles du musée actuel.

JOSEPH GUYOT

Joseph Guyot, fils spirituel de Amédée Guénée, poursuit l’oeuvre de son prédécesseur. Propriétaire du château depuis 1864, il s’attache à restaurer la vieille forteresse mais en préservant l’image d’une ruine romantique

Joseph Guyot (1836-1924), propriétaire du château de 1864 à 1924, fonds Joseph Guyot, n° Inv. 2019.0.1 © Musée du château de Dourdan
Joseph Guyot (1836-1924), propriétaire du château de 1864 à 1924, fonds Joseph Guyot, n° Inv. 2019.0.1 © Musée du château de Dourdan

Les travaux portent essentiellement sur la grosse tour médiévale.

Le dernier niveau est dé-végétalisé puis renforcé. Le logis principal est transformé en une demeure bourgeoise et confortable, disposant de chauffages, d’un logement pour les domestiques. Les murs et toitures sont percées de fenêtres pour assurer un meilleur éclairage.

Les aménagements, entrepris à la fin du XIXe siècle et jusqu’à la Première Guerre mondiale, sont par ailleurs un manifeste du style néo-gothique et éclectique, chers à son propriétaire.

Joseph Guyot reprend l’architecture gothique pour la construction d’un jardin d’hiver dans le prolongement du châtelet (1894). Il s’inspire de l’enluminure des Très riches heures du duc de Berry pour la disposition des lucarnes s’ouvrant sur la façade extérieure du logis (1914). L’esthétique médiévale est reprise pour décorer les surfaces intérieures, notamment les deux anciennes chambres au second étage des tours du châtelet ornées de voûtes avec imitation de la pierre appareillée, fenêtres de pénétration représentant un trèfle, moulage d’une grande cheminée du XVe siècle (1913).